Chroniques

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Création artistique et cohésion sociale

Le nouveau Conseil d’État s’est réparti les départements, les a remanié et en a créé un nouveau.
Infos pour celles et ceux qui auraient manqué cette annonce.

La culture revient au nouveau département de la cohésion sociale et est donc détachée du Département de l’Instruction publique qui est maintenant baptisé « formation et jeunesse » *
Notons que le mot culture ne figure donc plus dans aucune dénomination de Département !

Dans cette nouvelle distribution, restons attentifs à ce que la création artistique soit défendue.
Il s’agit de lutter pour qu’elle puisse continuer de prendre des risques, d’exister en tant que telle.
De travailler pour que ses besoins d’espaces et de moyens soient considérés dans leur complexité, que les parcours professionnels des artistes soient pris en compte et valorisés.

Il s’agit de lutter pour que la création artistique ne soit en aucun cas envisagée comme un outil de cohésion sociale, pour qu’elle puisse continuer d’explorer les failles et questionner ce qui s’y cache. De mettre toute notre énergie pour que la culture artistique soit celle des chemins de traverse, celle qui rend sensibles les zones d’ombres et les lumières des sociétés dans lesquelles nous vivons.

« […] Tout se passe comme s’il pouvait y avoir de l’action culturelle et de l’éducation artistique sans développement de la création artistique. Comme si, pour les actions culturelles, l’art, la création n’était qu’un support accessoire. »
La langue retournée de la culture
Michel Simonot et Luce Faber


* notons trois aspects marquants de cette nouvelle dénomination :

  • la notion de « public » a disparu.
  • on peut avoir des doutes sur le mot « instruction »  dans son sens généraliste ( avis, commandement, consigne, ordre, précepte, prescription). Mais sa définition dans le domaine de la pédagogie spécialisée (ensemble de savoirs, de connaissances, d’informations, de renseignements que l’on acquiert à l’école ou par ses propres moyens. Action de communiquer à quelqu’un l’ensemble précédent : transmission de savoirs de connaissances) affirme un spectre plus large et complexe que la seule formation. Voir dictionnaire actuel de la pédagogie, 3ème édition.
  • associer les mots formation et jeunesse, même s’il s’agit de deux pôles d’action probablement différents, semble limiter l’enseignement et l’apprentissage à une période de la vie. En tant qu’artistes (comme dans beaucoup d’autres domaines), nous savons que les savoirs et les savoirs-faire se construisent pourtant souvent selon des chronologies intimes.

23 mai 2018

«Analyse suite au vote du budget 2017 de la Ville de Genève»

Genève, le 16 mai 2017

Les valeurs qui sont à nouveau visées sont liées à l’identité de notre ville et à sa culture ouverte au monde.

Ce qui est attaqué, c’est une vision généreuse, sociale, humaniste, un vivre ensemble, dépréciant tous les aspects du fonctionnement de la cité.

Ces coupes sont iniques. Elles résonnent comme une politique d’austérité opérée dans un budget équilibré d’une ville dont les comptes sont bénéficiaires depuis plusieurs années.

Ces coupes sapent progressivement la qualité de vie et préparent des ruptures sociales qui coûteront bien plus cher lorsqu’il s’agira de rattraper les manques.

Mettre les gens en situation de précarité n’a jamais nourri d’autres choses que les extrêmes, en faisant disparaître ce qui constitue l’attachement de chacun à la cité.

Une économie qui ne prend pas en compte la réalité sociale et culturelle d’une ville comme la nôtre, qui coupe dans ce qui devrait faire sa fierté, est une économie bancale.

Le mouvement La Culture Lutte invite les habitant.e.s de la Ville de Genève à s’opposer fortement à ce processus de démantèlement et à cette politique stérile et sans courage.

Vous pouvez télécharger les 4 référendums municipaux en cliquant sur ce lien. Délai de retour des signatures – au plus tard le jeudi 15 juin 2017!

Restez attentifs !
D’autres actions suivront…

«Le budget 2017 de la Ville de Genève a été voté»

Genève, le 08 mai 2017

41 – 0 – 36 : ce n’est pas un numéro gagnant mais la routine des résultats des votes du budget 2017 au Conseil Municipal.

Et ce numéro coupe. Les perdants? Les habitantes et habitants: les jeunes, les parents, les artistes de toutes disciplines, les associations, la Genève Internationale.

Pas tous peut-être mais les plus fragiles sûrement, celles et ceux qui ont besoin que l’on défende une ville solidaire, ouverte et plurielle.

Un numéro fatidique pour cette ville que nous défendons mais qui veut économiser, veut thésauriser.

En coupant dans un budget bénéficiaire, elle sape progressivement la qualité de vie et prépare des ruptures sociales qui coûteront bien plus cher lorsqu’il s’agira de rattraper les manques.

Une économie qui ne prend pas en compte la réalité sociale et culturelle d’une ville comme Genève, qui coupe dans ce qui devrait faire sa fierté, est une économie bancale.

41 « POUR » Mouvement citoyen genevois, Parti démocrate-chrétien, Parti libéral/radical, Union démocratique du centre
O « ABSTENTION »
36 « CONTRE » Ensemble à Gauche / Les Verts / Parti socialiste

La Culture Lutte vous invite à découvrir les billets d’humeur que Karelle Ménine et Laurent Graenicher ont rédigé, suite au trois jours de mobilisation de notre mouvement, dans la tribune de la salle du Conseil Municipal.

A ce propos, nous invitons chacune et chacun à prendre l’habitude de venir aiguiser sa curiosité, régulièrement, et de faire acte de présence lors des séances du Conseil Municipal. Prochaines séances : 16 et 17 mai, 17h et 19h.

«La bêtise clanique poussée a l’extrême» par Laurent Graenicher

Chronique envoyée par Laurent Graenicher

Genève, le 08 mai 2017

Dans l'arène politique du Conseil municipal, tout semble normal.

Depuis deux ans que le Conseil administratif siège majoritairement à gauche et que le Conseil municipal porte à droite, c'est le blocage.

Durant les trois soirées consacrées au vote du budget 2017 de la Ville, on a assisté, depuis les tribunes, à une guerre de tranchées, gelée. La droite exerce son bon droit majoritaire à couper, la gauche s'articule autour du budget équilibré livré par le Conseil administratif.

Et donc, dans l'arène politique, tout semble normal.

Chez lui, face à son écran, un spectateur seul de ce genre de débat peut se lasser assez vite. Bien sOr, parfois, on sourit, on s'offusque, on s'agace devant ces élus qui gesticulent comme dans un mauvais sitcom.

Mais quand on est dans les tribunes ouvertes au public, le ressenti est tout autre, pour le spectateur comme pour l'acteur. Assis là, avec des yeux et des oreilles de citoyen, on plonge dans un gouffre d'effroi... Car le spectacle ne fonctionne plus avec la même distance.

Il y a la complexité des règles du jeu administratif, qui va demander beaucoup de temps de compréhension. Mais il y a surtout la proximité avec les tensions physiques et psychologiques qui s'exercent d'un bout à l'autre du parlement.

Dans cette situation, l'antijeu est perçu comme imbécile et l'arrogance comme inconsciente.

Finalement, «ils décident de tous les aspects de notre cadre de vie. Et c'est difficilement supportable quand ils le font bêtement, si proches de nous. 

Mais aussi, il semble que la présence d'un public d'électeurs dans les tribunes trouble les acteurs des deux bords. Ils savent bien que, vu de la tribune, le ressenti est tout autre. Et, suivant la posture qu'«ils» tiennent, le ridicule guette.

Des attaques répétées contre les services aux publics, des attaques répétées contre les financements publics de la culture dans un canton de Genève en ébullition, des attaques répétées contre la liberté d'expression et la légitimité des artistes à porter un regard critique quand ils sont subventionnés, des attaques répétées contre des journalistes et leur objectivité... voilà une drôle de période où la culture qui est attaquée est avant tout la culture démocratique.

La Culture Lutte se bat contre les coupes budgétaires, tente de coordonner tes acteurs culturels et, entre autres choses, de recenser les dysfonctionnements du désenchevêtrement de l'Etat et de la Ville dans le domaine culturel. Mais un temps est passé. Il n'y a plus d'écoute politique bienveillante et de modération. L'époque est à l'arrogance et à la pression financière perpétuelle. Et c'est clair, pour des gens qui méprisent la démocratie critique et la création, nous ne serons jamais assez couchés, assez passifs. Alors, défendrons-nous nos activités en ordre dispersé ou de façon coordonnée? Quels rapports de forces allons-nous fabriquer pour négocier la réelle mise en oeuvre d'une politique culturelle cantonale, intercommunale, tournée vers l'avenir, vecteur d'un écosystème de développement économique, intellectuel et social enthousiasmant?

Pour que «la guerre froide municipale» cesse en 2020, chacun devra s'engager, à son niveau, par des tas de moyens différents.

Cela passe sans doute par une présence régulière dans les tribunes publiques. Pour acquérir l'usage de nos droits et pour que nos élus travaillent sous notre regard, directement.

Pour partager des réflexions sur l'usage de la démocratie (on a eu de belles réflexions en marge des débats 😉 et apprendre. Quand on travaille dans un secteur soutenu par des fonds publics, on ne peut pas se désintéresser de «la chose publique». Elle, elle finit toujours par s'intéresser à nous...

Et qui sait. peut-on tenter de ramener, modestement, petit à petit, l'esprit des Lumières là où Demain est écrasé par les mauvais marchants.

Laurent Graenicher

«Appel à la mobilisation… contre les coupes budgétaires annoncées!»

Genève, le 20 avril 2017

Le Conseil Municipal de la Ville de Genève se réunira les 25 & 26 avril pour délibérer et voter le budget 2017. Fin 2016, les comptes de la Ville de Genève étaient bénéficiaires de 32,5 millions. Aujourd’hui, le Conseil administratif et la droite élargie proposent des coupes de 5,8 millions, dont plus de 1,6 million dans le département de la culture.

Allons toutes & tous assister aux débats publics vêtu.e.s de noir et arborant le logo de La Culture Lutte (T-shirts et badges en vente sur place) afin de manifester notre désaccord contre l’appauvrissement culturel qui s’annonce! Mobilisons-nous pour rappeler les référendums et le résultat de la votation populaire du 5 juin 2016!

Quand: les 25 & 26 avril de 17h à 19h et de 20h30 à 23h. En cas de budget non-voté, les débats se poursuivent le 27 avril de 17h à 19h et de 20h30 à 23h, voire même durant la nuit du 28 avril de minuit à 8h du matin.

Où: Rue de l’Hôtel de Ville 2, Genève. Entrer dans la cour et accéder aux tribunes du 2ème étage par l’escalier qui se trouve sur la gauche.

Pas de banderoles autorisées dans l’enceinte. Prenez vos cartes d’identité.

Partagez l’Appel à Mobilisation autant que possible : de bouche à oreille, par téléphone, par sms, par mail, par fax, par Facebook, par pigeon voyageur, par bouteille à la mer…